Coordinatrice: Isabelle Savary-Auzeloux  (Equipe Improving)

La proportion des personnes âgées (60 ans et plus) est amenée à représenter un tiers de la population française à l’horizon 2050.  Cette population est très hétérogène et se caractérise, pour les extrêmes, par des individus en bonne santé, actifs, en bon état nutritionnel, peu sarcopéniques (perte de masse et de fonction musculaire liée à l’âge) et vivant en général chez eux. A l’inverse, il existe (au même âge) une population âgée fortement sarcopénique, généralement dépendante et vivant en institution et en état de sous nutrition chronique. C’est à cette dernière population spécifique que le présent projet s’adresse avec l’objectif de limiter, par une stratégie nutritionnelle (développement d’un aliment fonctionnel), la survenue de la fonte musculaire liée à l’âge généralement associée à l’état de dépendance. Il a été observé, par M Thomas (partenaire du projet, Micalis), que certains lactobacilles étaient sur-représentées chez des individus ayant subi une résection de l’intestin. Un transfert de ces bactéries à des rats axéniques a montré une augmentation de l’efficacité d’utilisation de l’énergie et de l’absorption des nutriments alimentaires chez ces animaux, associées à une stimulation de la synthèse des peptides digestifs, une augmentation du trophisme intestinal et une augmentation de l’insulino sensibilité et de l’état nutritionnel des animaux en général. En parallèle, il a également été montré, par l’UNH (dont I Savary-Auzeloux, porteur du projet), qu’une amélioration de la santé intestinale pouvait favoriser la redistribution des nutriments énergético-azotés de l’aire splanchnique (intestin/foie) vers les tissus périphériques dont le muscle.

Par conséquent, nous nous proposons de développer un aliment fonctionnel de type fromage frais contenant un consortium ou une souche de lactobacille capable de favoriser l’utilisation énergétique des aliments et de tester, en condition d’ingestion de quantités raisonnables et applicable en pratique, l’impact de ce nouvel aliment fonctionnel sur la digestion/absorption des nutriments et le métabolisme énergétique de l’hôte (modèle in vitro d’intestin artificiel et modèle in vivo mini porc). Concrètement, le projet Lacto for Health s’articulera donc de la manière suivante : 1/ sélection des bactéries selon leur potentiel à générer la synthèse de peptides et médiateurs (type GLP2) par des cellules intestinales en culture ou à favoriser la croissance et l’expression de gènes du métabolisme énergétique du ver C Elegans.  2/ optimisation et la fabrication d’un fromage frais « témoin » d’une part (à partir d’une bactérie lactique conventionnelle) et «fonctionnel » d’autre part à partir des consortia bactériens sélectionnés précédemment, les deux fromages devant présenter des caractéristiques physicochimiques et sensorielles similaires. 3/ analyse du devenir de l’aliment fonctionnel dans le tractus digestif (destructuration de la matrice et survie des consortia bactériens) par une approche in vitro de digesteur artificiel DIDGI® mimant la physiologie digestive sénior et l’impact de cet aliment sur la santé intestinale et l’utilisation de l’énergie alimentaire l’hôte en général.

Nous voulons donc faire la preuve de concept qu’il est possible, par une sélection de bactéries avec des modèles in vitro efficaces et complémentaires (cellules intestinales en culture et C Elegans), de créer un aliment fonctionnel capable de favoriser l’utilisation énergétique des nutriments alimentaires afin d’améliorer le statut nutritionnel et l’anabolisme chez des individus en situation de sous nutrition, en particulier des populations de personnes âgées dépendantes présentant souvent un statut nutritionnel altéré.